Chapitre 2 Pizza

Publié le par Bruno Claret

La pénombre s’étendait à présent sur le petit camp et ils étaient obligés d’écarquiller les yeux pour se distinguer entre eux.

- En plus on n’a même pas eu le temps de faire à manger ! Renchérit Baliverne dont l’estomac commençait à gargouiller.

Son côté aventureux s’émoussait à mesure que son appétit grandissait. Hallucinogene prit la main de Tungstene dans la sienne et examina son ampoule. Elle sourit.

- Je vous emmène manger une pizza ? En même temps on passe par chez moi prendre une pommade pour le petit bobo de Tung et des allumettes pour demain, dit-elle en lui faisant un clin d’œil amusé.

Les deux garçons se regardèrent et acquiescèrent. Tungstene commençait, lui aussi, à avoir faim et la perspective d’une bonne pizza le faisait déjà saliver. 

- On y va ! S’empressa-t-il de répondre.

Ils se prirent tous trois par la main, formant ainsi une petite chaîne.

- C’est parti ! Dit Hallucinogene en soufflant sur le morceau de coquillage orangé qu’elle portait en pendentif au tour du cou. PFFFFFFFF……

Aussitôt, ils disparurent dans une volute de fumée grise et un petit « POUF ».

Tungstene et Hallucinogene possédaient tous deux un fragment de coquillage magique qui leur permettait de se téléporter à l’endroit auquel ils pensaient ou près d’une personne.

Tungstene avait trouvé cette fabuleuse coquille magique sur une plage d’Atlantis (voir « Tungstene et le coquillage magique » tome 1), puis lors de rocambolesques aventures où ils avaient tendu un piège à de dangereux pirates, elle avait fini par s’écraser sur le bureau du Magistrat d’Atlantis, se brisant en petits morceaux. Hallucinogene les avait récupérés, en avait monté deux qui avaient gardé les mêmes pouvoirs en pendentif et en avait offert un à Tungstene. C’était donc un moyen de locomotion instantané et très pratique, même s’il fallait rester discret, afin que personne ne veuille s’en emparer et s’en servir à mauvais escient.

Il suffisait donc à Hallucinogene de penser fort à l’endroit où elle désirait se rendre, de souffler sur le coquillage magique et elle s’y retrouvait immédiatement.

Elle vit donc une fois de plus ses deux amis tournoyer magiquement autour d’elle dans une multitude de paysages flous. Puis une douce odeur de cuisine italienne vint en premier lui titiller les sens et ce fut une lumière blanche éblouissante qui acheva leur arrivée.

Ils se tenaient à présent debout devant une petite pizzeria d’Atlantide.

Tungstene tourna la tête, la ruelle n’était pas très éclairée. Deux lampadaires à trois branches portaient des espèces de soucoupes où brûlaient de petits feux de bois baignant la venelle dans une douce clarté romantique. Devant lui, une grande enseigne annonçait un nom plus qu’évocateur « Da Giorgio Pizzeria ».

- Voilà, qu’en pensez-vous ? Demanda-t-elle, c’est un petit restaurant où j’aimais bien venir lorsque j’ai fait mes études sur le continent.

La fenêtre à petits carreaux entrouverte de l’établissement laissait passer une mélodie suave de mandoline et l’on pouvait apercevoir à l’intérieur un couple qui s’embrassait, une rose rouge posée dans un petit vase devant eux.

Tungstene dubitatif tourna la tête vers Baliverne.

- Ben ça à l’air d’un endroit plutôt sympa, mais je ne sais pas si l’on cadre bien avec l’ambiance.

En fait Tungstene essayait d’éviter les endroits un peu trop romantiques en présence d’Hallucinogene, il ne voulait pas que le flou de ses sentiments ne revienne.

- Ben, ça ce n’est pas un problème, répondit Baliverne.

Son estomac s’emballait en sentant toutes ces bonnes odeurs.

- Du moment que les pizzas sont bonnes !  Rajouta-t-il.

- Alors on y va ! Dit Hallucinogene en entrant la première.

Baliverne lui emboîta aussitôt le pas et Tungstene suivit bon gré mal gré.

- Bonjour, une table pour trois s’il vous plaît, demanda poliment Hallucinogene au serveur.

- Bonjour, répondit celui-ci, suivez-moi je vous prie.

 Il les entraîna vers le fond de la pizzeria du côté du comptoir.

- Voilà, vous pouvez vous installer ici, dit-il en montrant une petite table déjà installée.

Mais à peine avaient-ils fini de s’asseoir qu’une exclamation retentit derrière eux.

- Hallucinogene !!! S’écria joyeusement un grand bonhomme à l’embonpoint manifeste.

Coiffé d’une toque blanche, de grande moustache bien noire, il souriait de toutes ses dents.

Hallucinogene tourna rapidement la tête.

- Giorgio ! S’exclama-t-elle, comme je suis contente de te revoir !

Et ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre.

- Comment vas-tu ma belle petite ? Demanda le gros monsieur, une larme à l’œil.

- Très bien, mon Gigi, lui dit- elle en le prenant par le bras qu'elle serra fort contre sa joue.  Et toi ?

- Magnifiquement, depuis que je te vois !

Tungstene et Baliverne se regardèrent amusés.

- Ces italiens, toujours aussi baratineurs, chuchota Tungstene à l’oreille de son ami.

L’Italie était une petite région méridionale d’Atlantide, célèbre notamment pour ses pâtes, ses pizzas et le côté dragueur de ses habitants.

Puis Giorgio tourna la tête, interrogatif vers eux.

Hallucinogene les présenta.

- Voici Tungstene et Baliverne, deux très bons amis d’enfance.

Le gros italien les prit immédiatement un dans chaque bras et les serra contre lui.

Hallucinogene éclata de rire en voyant la tête étonnée et gênée des deux garçons compressés contre le gros ventre du Pizzaïolo.

- Les amis de mon amie sont mes amis ! Claironna-t-il.  Asseyez-vous !

- Pas de problème ! Dès que vous m’aurez rendu ma tête, s’esclaffa Baliverne.

- Oups pardon, répondit celui-ci en les lâchant. Alors ? Qu’est-ce que vous voulez manger ?

- Bof je ne sais pas, répondit Tungstene.

- Pas facile de s’y retrouver, ajouta Baliverne en feuilletant la carte, tout à l’air délicieux.

-Alors, laissez- moi faire ! Et il lança un clin d’œil à Hallucinogene. Tino, trois spéciales Giorgio pour mes amis ! Commanda-t-il.

- Trois spéciales, ça marche patron ! Répéta le garçon de salle qui les avait accueillis un peu plutôt.

- Alors, raconte-moi un peu, que deviens-tu ma grande ? Toujours sage ? Et Gian-Franco tu le vois toujours ?

Tungstene vit Hallucinogene rougir légèrement en entendant le nom de son ex-petit ami. Une pointe de jalousie qu'il essaya de réprimer, lui piqua le ventre. Il savait qu’elle avait eu des aventures, elle le lui avait raconté, mais y être confronté directement le dérangé.

- Oui, toujours Sage, répondit-elle. Je viens de m’installer à mon compte sur Atlantis et ça marche plutôt pas mal. Côté garçon…, Gian-Franco,… non je le vois plus ! On s’est séparés depuis quelque temps déjà. Mais je ne le regrette pas ! Et maintenant je suis célibataire et complètement libre, dit -elle comme pour mieux se convaincre.

La pointe de jalousie qui avait piqué l’estomac de Tungstene se dissipa sur ces paroles, mais en même temps elles lui rappelèrent sa position uniquement amicale et une petite boule y prit la place.

Le serveur arriva avec trois énormes pizzas à la viande hachée, oignons, mozzarella et un œuf sur le milieu.

Tungstene se saisit de son assiette et fit une petite grimace de douleur.

- Aï, encore cette satanée ampoule !

- Ha oui, j’allais oublier, dit Hallucinogene. Excusez-moi les garçons, je vais aux toilettes et je reviens.

Hallucinogene passa la double porte à battants et se retrouva devant la grande glace qui surplombait les lavabos. Elle fit un rapide tour des cabines pour vérifier que personne ne fût là et souffla sur le coquillage.

En un éclair elle se retrouva quelques milliers de kilomètres plus loin : Chez elle, dans sa salle de bain.

Elle ouvrit l’armoire à pharmacie accrochée au mur. Les petites boîtes de différents remèdes s’entassaient les unes sur les autres. Elle fouilla un court moment puis elle trouva le tube qu’elle voulait : une pommade au calendula qu’elle avait modifiée pour pouvoir l’utiliser même sur des plaies ouvertes.

- Voilà qui devrait faire l’affaire, dit Hallucinogene en refermant le bâtant du placard.

Puis passant devant son nécessaire à maquillage, se regarda rapidement dans le miroir.

- Après tout puisque je suis là autant en profiter.

 Elle remit un petit coup de mascara et farda subtilement ses paupières. Ses yeux marron lui permettaient d’utiliser n’importe quelle couleur et elle s’arrangeait donc pour la mettre en harmonie avec sa tenue vestimentaire.

Hallucinogene n’était pas de ce genre de fille qui ne pense qu’à l’apparence et au maquillage. Mais elle aimait bien souligner son regard par un peu de noir sur les cils et de couleurs sur les paupières, tout en discrétion.

Elle ne mit pas longtemps à réapparaître dans les toilettes de la pizzeria et regagna bien vite leur table.

- Passe-moi ta main, dit-elle en sortant le tube de son sac à main.

Et elle soigna rapidement Tungstene.

Giorgio la regarda faire, le regard plein de tendresse.

- Ha ma petite Hallucinogene, toujours tout en délicatesse. Puis s’adressant aux garçons, savez-vous comment nous nous sommes connus ?

- Absolument pas, répondirent-ils en cœur

- J’ai fait ouné petit malaisé cardiaquo, dit-il en riant avec son accent. Je m’avançais pour prendre sa commande et là, boum, un gros poing au cœur et hop le voile noir. Puis prenant un air grave, si notre amie n’avait pas été là, je restais étalé par terre. Elle m’a tout simplement sauvé la vie, alors qu’elle venait là juste pour déguster ouné petit plat bien de chez nous. Et depuis ce jour-là, je l’ai prise sous ma protection.

- Et ton cholestérol, tu y fais toujours attention, j’espère, lui demanda Hallucinogene l’air sérieux. 

- Oh bien sûr que oui ! Je suis tes conseils à la lettre !

Ils dévorèrent leur pizza avec délice. Riant de bon cœur aux plaisanteries du chef italien.

La soirée passa bien vite et il fut temps de regagner leur campement. Ils prient congé de Giorgio, lui promettant de revenir plus souvent et Ils sortirent du restaurant.

Hallucinogene les entraîna dans une ruelle un peu sombre et après s'être assurés que personne ne les voyait ils se téléportèrent à nouveau dans leur humble bivouac.

 

 

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M
Sympa, on se laisse bien plonger allé dans ce monde, dommage qu'il n'y est pas la suite ;-)<br /> Et moi aussi, je suis preneuse si tu t'a des coquillages magiques en trop ;-)<br /> Merci
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B
<br /> Merci. La suite, c'est maintenant :-)<br /> <br /> <br />
A
Comme j'aimerai trop avoir un coquillage comme ça :-((( ça me rendrait bien service !
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B
<br /> Crois moi que tu n'es pas la seule à en vouloire un comme ça ! Moi même...mais je désèspère pas, chaque fois que je vais à la mer, je scrute la plage en éspèrant :-)<br /> <br /> <br />
G
super ! vite la suite stp
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B
<br /> Content que ça te plaise, la suite arrive, aujourd 'hui<br /> <br /> <br />
S
comme c'est trop bien ! j'adore le coup de l'italien ! mdr, je me suis bien régalé a lire ce chapitre, vite un autre !!!!!
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B
<br /> Oui, les Italiens ...pas mal de chose à dire dessus !<br /> <br /> <br />