Chapitre 21 Extraction

Publié le par Bruno Claret

 Lennia était là, couchée à même la paille. En entendant la porte s’ouvrir, elle s’était réfugiée machinalement dans un coin, comme pour essayer d’échapper vainement à ses ravisseurs.

- Bonjour, lui dit doucement Tungstene comme s’il parlait à une malade.

Le visage de Lennia s’illumina en le voyant, puis redevint grave et elle se précipita sur lui.

- Ho non ! Tungstene ! Ils t’ont pris aussi ! Puis elle éclata en sanglots, alors il n’y a plus aucun espoir ! C’est toi qui avais raison, on aurait dû prévenir la police, dit-elle en reniflant.

- Chut… là…ne t’inquiète pas, la rassura Tungstene. On va sortir d’ici très vite, je suis venu te chercher exprès.

Et il la serra fortement dans ses bras.

- Heu…Dites donc ! Je ne veux pas déranger, dit Baliverne qui avait un peu l’impression de tenir la chandelle, mais Lennia, peux-tu nous dire où est ton père ?

- Houps, dit Tungstene en souriant, je te présente Baliverne, l’ami avec qui je campais lors de ton enlèvement, on est ici en grande partie grâce à lui.

- Enchantée, Monsieur Baliverne, merci de votre aide, dit-elle en tendant la main pour le saluer.

Baliverne rougit.

- Heu ! Pas de Monsieur, s’il te plaît, « Baliverne » suffira. Répondit-il en serrant la main tendue. Et ton père alors ? Sais-tu où il se trouve ?

- Je pense qu’il est dans le bâtiment derrière celui-ci, j’ai vaguement entendu une sentinelle en parler. Mais je n’en suis pas sûre, répondit-elle une larme perlant sur la joue.

Tungstene lui caressa l’épaule en signe de réconfort.

Elle tourna la tête vers lui, les yeux embués.

- Mais comment va-t-on faire pour sortir d’ici ? Dit-elle désabusée.

- Ne t’inquiète pas ! Lui dit à nouveau Tungstene. Tiens bois un peu, ça calmera tes émotions.

Et il lui tendit une gourde en peau verte qu’il avait sortie de sa poche.

- Merci Tungstene, tu es gentil, dit-elle en prenant la gourde.

Elle porta le goulot à ses lèvres et en but quelques gorgées.

- Ho la la, je crois que toutes ses émotions m’ont épuisée, dit Lennia en baillant, je suis complètement éreintée.

- Ce n’est rien, allonge-toi un moment, nous allons veiller sur toi, dit Tungstene.

Mais il n’eut pas besoin d’en rajouter, elle dormait déjà sur son épaule.

- Ben dit donc ! Il est efficace le somnifère d’Hallucinogene, sourit Baliverne.

- Oui, elle dort comme un bébé, répondit Tungstene en soulevant le bras de Lennia et en le laissant retomber pour vérifier son état d’éveil.

Il sortit son coquillage de sous son T-shirt :

- Vite téléportons-nous dans la forêt près d’Hallucinogene

Baliverne s’approcha, posa sa main sur l’épaule de son ami, quand soudain, il l’arrêta net :

- Chut ! Attends, j’entends du bruit ! Quelqu’un arrive !

Le fenestron de la porte s’ouvrit en grinçant. Le garde qui les avait emmenés les toisa d’un œil mauvais.

- ça va là-dedans ? Qu’est-ce qu’elle a, elle ? Demanda-t-il méchamment. Mais sa voix trahissait une inquiétude. Il devait avoir peur qu’il n’arrive quelque chose de fâcheux à sa prisonnière. Non pas qu’il se souciait de son bien-être ou de sa santé, mais plutôt des représailles de Zarix s’il arrivait malheur à celle qu’il espérait être sa future femme.

- Rien, elle dort c’est tout, répondit Tungstene, qui n’avait pas envie qu’il vienne vérifier par lui-même.

- Méfiez-vous ! Je vous ai à l’œil ! Menaça le garde.

- Tout va bien, on est tranquille, le rassura un peu plus Baliverne.

Le garde claqua le fenestron.

Baliverne tendit l’oreille, pour entendre les mouvements du grand blond.

- C’est bon, il est parti, souffle vite ! Dit-il en reposant la main sur la veste rouge de son ami.

Tungstene s’exécuta aussitôt. Et en une fraction de seconde, une fumée grisâtre et un petit « pouf » prirent leur place dans le cachot humide.

Ils atterrirent immédiatement derrière les arbres, à quelques centaines de mètres. La lumière vive du soleil d’après-midi qui filtrait entre les feuilles, leur fit cligner les yeux. Hallucinogene les attendait assise sur un tronc, se rongeant les ongles.

- Ouf ! Vous voici ! Dit-elle. J’étais à deux doigts d’intervenir ! J’ai vu que vous aviez été fait prisonniers. J’attendais encore un peu, mais j’avais peur que vous ne soyez en mauvaise posture. Venez, ajouta-t-elle, téléportons-nous plus loin des ruines pour nous mettre à l’abri.

Elle saisit son pendentif, posa sa main sur celle de Tungstene et souffla.

Tungstene et Baliverne tourbillonnèrent aussitôt autour d’elle.  Elle était rassurée. Son inquiétude lui avait fait oublier sa colère passagère contre son ami.

Pouf ! Ils réapparurent dans une clairière à quelques kilomètres.

- Voilà, dit-elle fièrement, ils ne nous retrouveront pas ici. J’ai installé le campement ici pendant votre absence.

Les toiles de tentes étaient montées, se faisant face les unes aux autres.

Tungstene était ébahi de voir l’organisation et la logique de son amie. Hallucinogene avait vraiment l’art de savoir ce qu’il fallait faire.

- Allonge- là ici, dit-elle à Tungstene, je vais lui faire respirer un antidote pour la réveiller.

Elle plongea dans son sac à dos, farfouilla un moment puis en ressortit une petite fiole contenant un liquide vert. Hallucinogene s’approcha de Lennia, lui souleva la tête et après avoir débouché le petit flacon, lui fit respirer la fumette vert émeraude qui s’en échappait.

- Il reste encore son père ! Et à lui expliquer comment elle est arrivée ici ! Dit Baliverne qui voyait que Lennia allait reprendre ses esprits.

Effectivement, Lennia battait des paupières comme aveuglée par la lumière.

- Où suis-je ? Demanda la jeune fille blonde en regardant autour d’elle. Hallucinogene ? Toi aussi tu es là ? Et Tungstene ?

Tungstene s’accroupit près d’elle

- Tout va bien, tu es libre, lui dit doucement Hallucinogene. Tungstene et Baliverne t’ont portée jusqu'ici. Tu as été choquée, c’est pour cela que tu dormais.

- Mais … comment… ?

- Je te raconterai, la coupa Tungstene. Mais là on va chercher ton père.

Tungstene fit un clin d’œil à Baliverne et ils s’éloignèrent tous deux derrière les fourrés.

- Là, je pense que nous sommes assez loin, elle ne nous voit plus, dit Baliverne.

- Oui, nous pouvons y aller.

Tungstene souffla sur le bout de coquille et ils disparurent.

Un instant plus tard, ils étaient dans le couloir de l’autre prison. L’ambiance y était aussi pesante que dans la précédente. Le manque de lumière, l’humidité, l’odeur de vieux champignons moisis n’avaient rien d’encourageant. Tungstene déglutit. Ils s’avancèrent prudemment, des voix résonnaient, provenant d’une cellule à quelques mètres. Son cœur cogna plus fort.

- Chut ! Fit-il signe à Baliverne et il lui montra la porte ouverte.

Baliverne s’approcha doucement de l’entrée et jeta un bref coup d’œil à l’intérieur de la pièce.

Trois gardes jouaient aux cartes et ils avaient l’air bien absorbé par leur jeu.

Il se retourna et fit quelques petits gestes à Tungstene pour lui faire comprendre qu’il allait passer rapidement de l’autre côté. Tungstene lui répondit de la même manière que non, lui montrant le pendentif. Mais Baliverne était déjà de l’autre côté et avec un grand sourire aux lèvres, il l’invitait à faire de même.

Tungstene se résigna et de son pas le plus furtif, glissa devant la porte. Ceci fait, il fronça les sourcils, pour montrer sa désapprobation et passa devant son ami. Il ne voulait plus que Baliverne prenne le risque de les faire repérer. Ils avancèrent plus profondément dans les entrailles de la prison, jetant des coups d’œil au judas de chaque porte fermée pour voir si le père Somare n’y était pas. Différentes pièces avaient été transformées en laboratoire ou en atelier de construction aéronautique, mais personne n’y était retenu. Cela faisait bien une demi-heure qu’ils cherchaient et Tungstene commençait à douter que le père de Lennia se trouvât dans ces lieux. La dernière porte arrivait, ils allaient être fixés. Il passa un œil par le fenestron et vit un homme en blouse blanche couché sur un vulgaire lit de camp en toile verte.

- Il est là, dit-il à Baliverne, en manipulant le gros loquet en fer rouillé.

Ils se précipitèrent vers l’homme, mais celui-ci ne sembla pas les entendre.

- Monsieur Somare ! L’appela Tungstene, réveillez-vous, nous sommes venus vous libérer.

- Tung, grouille ! J’entends des pas ! Dit Baliverne qui était resté à faire le guet.

- Bon tant pis, il ne se réveille pas, ce n’est pas grave ! Ça ira plus vite, viens, répondit Tungstene, Baliverne posa sa main sur l’épaule de son ami, Tungstene prit le Père de Lennia par l’autre et souffla sur son pendentif, juste au moment où un petit garde brun coiffé en crête arrivait.

- Alerte ! S’écria-t-il, le professeur s’est évaporé !!!!

Mais c’était trop tard, Tungstene, Baliverne et Monsieur Somare étaient déjà à plusieurs kilomètres de là, en sécurité dans leur campement.

- Gennie, viens vite, s’écria Tungstene, il ne réagit pas.

- Mon Dieu mon père, s’écria Lennia.

Hallucinogene se précipita, l’ausculta rapidement. Il dormait, tout simplement.

- Il a dû être drogué, dit-elle, mais je ne pense pas que cela soit grave.

Elle lui mit un comprimé dans la bouche.

- Voilà on va voir avec ça. Emmène-le dans la tente, demanda-t-elle à Tungstene, moi je vais m’assurer que Zarix les laissera tranquille.

- Quoi ??? Et Attends Gennie où vas-tu ? Demanda-t-il affolé.

Mais Hallucinogene ne l’écoutait pas. Elle avait saisi son propre coquillage magique et pendant que Lennia tournait la tête, souffla dessus et disparut sous les yeux abasourdis de Tungstene.

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