Chapitre 7 Recherche Active

Publié le par Bruno Claret

Une heure plus tard le petit-déjeuner était avalé. Ils étaient tous les trois assis par terre sur une couverture, les bols alignés devant eux.

- Ha ! Ça fait du bien un bon chocolat chaud dit Baliverne en s’étirant.

Le goût du cacao encore dans la bouche, il réfléchit un moment.

- Ce Zarix, à Atlantide, je connais quelqu’un qui peut nous dire où il se trouve !

Ses deux amis le regardèrent.

- Et puis ? Que ferons-nous ensuite ? Demanda Hallucinogene que la perspective de se mêler de cette affaire n’enchantait pas vraiment.

Baliverne haussa les épaules.

- Je ne sais pas, mais on avisera à ce moment-là. Soit on s’en occupe personnellement, soit on fait intervenir la police.

- Et pourquoi n’utiliserions-nous pas tout simplement le coquillage ? Proposa Tungstene, je pense à elle, je me téléporte à ses côtés et je la ramène.

- Et comment vas-tu savoir où tu vas atterrir ? Tu peux te retrouver au beau milieu des bandits ! Rétorqua Hallucinogene.

Tungstene fit la grimace, il n’avait pas pensé à cela.

- Ou pire que ça, elle n’est peut-être pas détenue avec son père et dans ce cas, ils pourraient se venger sur lui ! Et comment ne pas se faire voir en apparaissant comme cela aussi ? Continua-t-elle.

- Oui, tu as raisons, prenons d’abord l’option de Baliverne, essayons de la retrouver par des moyens plus conventionnels et si nous n’y arrivons pas, on pourra toujours se rabattre en dernier recours sur ma solution.

- ça me semble plus sage, approuva Baliverne.

Ils remballèrent tout leur barda et se téléportèrent en Atlantide.

 

Ils arrivèrent dans un quartier calme. Tungstene regardait tout autour de lui. Il n’avait pas souvent eu l’occasion de se rendre dans la capitale et il prenait plaisir à y faire le touriste.

Malgré l’heure matinale, la ville commençait à s’animer. Les commerçants s’affairaient dans leurs échoppes et les premiers clients furetaient déjà entre les rayons des petites boutiques à la recherche de la bonne affaire. L’air embaumait les parfums des produits en vente : épices précieuses ici, poisson tout juste pêché là. Atlantide avait beau être la ville la plus importante, elle n’avait rien d’une mégalopole étouffante et ses quartiers s’apparentaient le plus souvent à de petits villages.

Tungstene, Baliverne et Hallucinogene arpentaient le sol pavé de la rue. Les discussions autour d’eux allaient bon train. Un petit groupe de personnes s’était réuni et parlait avec énervement des nouveaux plans de pêches proposait par le ministère de la mer.

- C’est une honte ! Scanda un grand homme chauve perché sur une caisse vide d’amphore.

Sa longue toge violette fouettait l’air à chacun de ses gestes.

- Il faut réduire les quotas des thons rouges pris par les gros groupes commerciaux. Sinon nous courons à l’extinction de l’espèce ! Je vous le rappelle que rien ne vaut la biodiversité pour le bon équilibre de la nature ! Et il en va de notre avenir tant économique que vitale.

La foule s’exclama, approuvant avec force les arguments avancés par le meneur.

- On dirait que ça va chauffer pour le gouvernement, dit Baliverne amusé.

- Oui, répondit Tungstene en riant. Et je ne doute pas qu’ils fassent changer les choses, la pression des protectionnistes de l’environnement est très forte ici, c’est ce qui a permis depuis plus de 4000 ans de conserver la nature intacte.

- Oui bon ! …Dit Hallucinogene en faisant la moue, je pense plutôt qu’en l’occurrence, il s’agisse là d’une manipulation politique des opposants. Mais là n’est pas vraiment notre problème ! Pour nous, il faut d’abord trouver un hôtel !

Ils marchèrent un peu plus, déambulant dans les rues, jusqu’à arriver vers un grand bâtiment surmontant des arcades.

- Tiens pourquoi pas celui-ci ? Dit Tungstene en pointant du doigt une enseigne en bois dont les lettres d’or sur leur fond rouge brillaient au soleil.

- Hôtel des Voyageurs, deux étoiles ! Lut Baliverne à haute voix, pourquoi pas ! Ça m’a l’air bien ! Dit-il en se tournant vers Hallucinogene.

Celle-ci approuva d’un hochement de tête.

- Alors, allons-y.

Ils entrèrent dans un vaste hall. Le sol en marbre ocre reflétait les rayons du soleil matinal qui traversaient la grande porte vitrée de l’entrée lui donnant un air chaleureux. Hallucinogene s’approcha du comptoir d’accueil. Il n’y avait personne pour les accueillir.

Elle scruta rapidement l’ensemble et vit un petit gong posé à côté d’un écriteau sur lequel était inscrit « Sonnez ! Nous arriverons ». Elle regarda les autres perplexe. Ils acquiescèrent du regard.

- Drôle de façon d’appeler le réceptionniste, pensa-t-elle.

Hallucinogene se saisit du heurtoir et frappa fortement le gong. Un « dong » beaucoup plus fort qu’elle ne l’avait prévu se produisit. Légèrement honteuse d’avoir fait autant de bruit, elle lâcha rapidement l’objet et se tourna vers ses amis les joues rouges.

Tungstene et Baliverne éclatèrent de rire.

- T’inquiète pas, au moins ils auront entendu notre appel, s’esclaffa Baliverne.

Effectivement, ils n’eurent pas à attendre longtemps. Le long rideau pourpre qui occultait la porte derrière le comptoir se souleva. Par l’ouverture bordée de colonnettes dorées, passa un homme d’une cinquantaine d’années qui les accueillit avec un sourire bien commercial.

- Bonjour, trois chambres s’il vous plaît, demanda Hallucinogene qui semblait prendre les choses en main. 

- Je suis désolé messieurs dame, mais il ne me reste plus qu’une seule chambre, répondit le préposé à la réception avec un air embêté. Mais on peut y mettre suffisamment de lits, continua-t-il visiblement dans l’espoir de garder tout de même ces nouveaux clients.

Hallucinogene se retourna vers ses amis.

- Tant pis ! Si ça ne vous gêne pas les garçons de partager la chambre avec moi ?

- Nous ? Tu rigoles bien au contraire ! Pas vrai Tungstene, affirma Baliverne avec le sourire.

L’estomac de Tungstene se contracta. Le fait de partager une chambre d’hôtel avec Hallucinogene le troublait.

Ses pensées s’emballèrent. Si au moins il avait pu savoir quels étaient les véritables sentiments de son amie à son encontre, ça aurait facilité les choses ! Il ne savait plus où il en était. Tungstene soupçonna même Hallucinogene de le tenter volontairement.

- Alors qu’en penses-tu ? T’es d’accord ? Redemanda Baliverne qui paraissait s’amuser du trouble jeté par la jeune femme.

Tungstene lui fit signe que c’était ok.

- Ça sera la 21 ! Dit avec un large sourire le réceptionniste en leur tendant une clé. Vous remplirez ces formulaires s’il vous plaît, ajouta-t-il en sortant une liasse de papier d’un tiroir.

Il claqua des doigts et un jeune homme blond musclé, vêtu de l’uniforme de l’hôtel s’approcha.

- Je vous prends vos bagages mademoiselle ? Demanda-t-il à Hallucinogene avec un regard charmeur.

- Oui merci, répondit-elle les yeux pétillants.

Tungstene les regarda faire, son estomac se tordit comme si une bête en avait pris possession. Le simple fait de voir cet homme tenter de séduire ouvertement Hallucinogene devant lui l’énervait au plus haut point. Il aurait bien voulu se contrôler, mais les mots sortirent de sa bouche tout seuls.

- Oui !!! Vous pouvez prendre le mien aussi grinça-t-il en lui tendant son sac à dos.

- Sans problème, ça ne pèse rien pour moi ! Je fais de la culture physique ! Assura le chasseur de l’hôtel sans quitter Hallucinogene des yeux.

Tungstene rougit de colère. Hallucinogene s’en aperçut et insista :

- Et puis c’est bien fait, ça vous va à ravir, dit-elle sur un ton mielleux.

- Merci, vous êtes très belle vous aussi, répondit le porteur de bagage qui montait à ses côtés les larges escaliers menant aux chambres.

Ils arrivèrent peu de temps après, sans qu’Hallucinogene ne l’eût lâché du regard, sachant bien que Tungstene la regardait faire.

- Voilà, c’est ici, dit-il en se penchant pour poser les sacs devant la porte.

- Ho ! …je vois que le côté pile est aussi charmant que le côté face ! Dit Hallucinogene qui guettait du coin de l’œil les réactions de Tungstene.

La tête de Tungstene bouillonnait, les joues rouges, il sentait une véritable antipathie monter en lui contre ce pauvre chasseur.

- Bon ça va ! On a compris ! Merci et bonne journée ! Le congédia-t-il presque en hurlant. Il savait qu’il ne supporterait pas plus longtemps ce petit manège, même s’il n’avait normalement rien à dire.

- Hallucinogene fait ce qu’elle veut avec qui elle veut ! S’efforçait-il de se convaincre honteux de sa réaction incontrôlée.

Ces deux amis le dévisagèrent en souriant, comme s’ils avaient su la bataille intérieure qu’il menait. Mais ils ne pipèrent pas mot.

Hallucinogene était contente, elle savait désormais que Tungstene tenait à elle plus qu’un ami. Quand elle avait vu le porteur lui faire du charme, elle avait sauté sur l’occasion. Depuis le milieu de la nuit, elle se posait la question. Le fait que Tungstene se jetait dans l’aventure pour sauver cette fille des griffes de Zarix la troublait et même si elle n’envisageait pas de sortir avec lui pour autant, cela la rassurait de savoir qu’il avait des sentiments plus forts pour elle.

Ils déposèrent rapidement leurs bagages dans la chambre. C’était une chambre assez grande, finement décorée avec une petite touche moyenne orientale. Un grand lit en fer forgé était installé au milieu de la pièce. Du plafond juste au-dessus de lui pendaient des drapages de tulles légers aux tons rosés faisant office de ciel de lit. Quelques coussins aux couleurs chatoyantes jetés çà et là donnaient à l’ensemble une impression chaleureuse.

Hallucinogene s’approcha d’un chandelier à cinq branches multicolores.

- Quelle belle chambre !  S’exclama-t-elle !

- Ha oui ! On va être bien là ! Répondit Baliverne qui sautait déjà sur un pouf vert orangé.

Tungstene était lui aussi sous le charme et la douce lumière des photophores le transportait au pays des milles et une nuit. Il s’installa dans un grand canapé moelleux.

- Bon quel est le programme maintenant ? Demanda-t-il. Baliverne qui se regardait dans un petit miroir au cadre rose finement ouvragé soupira.

- Ben il faudrait retrouver Trichloréthylène mon ami. Il a disparu de la circulation, mais je pense qu’on doit pouvoir le retrouver facilement en demandant aux bonnes personnes.

- Et bien allons-y ! Proposa Tungstene.

- Oui, allons-y, répondit sans grande conviction Hallucinogene.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Super de faire apparaitre les problèmes environnementaux même à cette époque. J'aime de plus en plus.
Répondre