Chapitre 17 Retournement de situation

Publié le par Bruno Claret

La lune éclairait le lac d’Encone et son halo se reflétait sur les vaguelettes soulevées par le vent. La douce température et les parfums de plantes sauvages embaumaient l’air. Baliverne et Marnia marchaient sur la plage. L’un près de l’autre dans ce beau paysage. Ils semblaient s’entendre parfaitement. Baliverne était bien avec elle, il avait l’impression de l’avoir toujours connue.

Ils arrivèrent près d’une espèce de ponton en bois qui devait servir jadis à des pêcheurs. Quelques plots plantés dans le sable menaient vers une plate-forme plus grande surmontée d’une toiture en planche. Trois mètres plus loin une autre formait une sorte d’île miniature. Seul une corde pendant d’une poutre permettait de traverser de l’une à l’autre.

- Tiens allons là-bas ! Proposa Baliverne en voyant la petite île en bois. Tu la connaissais ? Demanda-t-il

- Oui, c’est ici que je viens en principe pour étudier les nessis, je m’installe sur le petit promontoire, les pieds dans l’eau et je les regarde faire.

Ils marchèrent sur les piliers en pin et montèrent sur le ponton.

- Ha zut la corde s’est détachée, dit Marnia en faisant la grimace.

Le filin pendait entre les deux plates-fomes séparées par un bras d’eau.

-Hum ! Dit Baliverne, pour l’attraper va falloir sauter !

-Oui ! Ben toi si tu veux, mais moi, pas en pleine nuit ! Je n’ai pas envie de me retrouver à la flotte ! Dit-elle en s’esclaffant.

Le jeu amusait bien Baliverne. Sauter par-dessus l’eau pour saisir la corde au vol et atterrir de l’autre côté sur l’autre plate-forme était un défi qui lui plaisait.

Il commença à prendre son élan, courut un peu et sauta les mains premières, visant dans la pénombre la corde éclairée uniquement par la lune. Dès que ses doigts la touchèrent, il resserra son étreinte, laissa aller son corps dans l’élan et se posa gracieusement sur l’autre côté, fier de lui.

- Allez, à toi ! Attrape ! Lui dit-il en lui lançant le cordage.

Marnia agrippa le lien et d’un geste précis et souple se lança en avant. Baliverne la regarda, féline, atterrir sur ses deux pieds avec la grâce d’un chat.

Cette fille l’impressionnait, il n’en connaissait que peu qui n’auraient pas hésité une seconde à se propulser au-dessus de l’eau comme cela dans le noir. Son intelligence, sa beauté et son charme faisaient le reste. Il était conquis.

Ils s’assirent tous les deux, contemplant les étoiles qui luisaient dans un ciel d’encre.

- Ho regarde ! S’écria-t-elle soudainement. Ce sont des nessis !

Deux jeunes nessis folâtraient dans l’eau, faisant des ronds l’un autour de l’autre, se frôlant, se caressant et s’embrassant dans une danse nuptiale tout en douceur.

- C’est très rare d’être témoin de leurs amours, on a de la chance !

Baliverne la regarda s’émerveiller de la tendresse de ces petites bestioles et fondit littéralement.

- Heu…oui, c’est beau l’amour au clair de lune, dit-il dans un soupir en ne la quittant pas des yeux.

- Je les observe depuis longtemps et ce n’est que la deuxième fois que je les vois ! Regarde cette tendresse !

Marnia sortit un bloc- note et un crayon à papier de sa poche et commença à noter ses observations.

Baliverne attentif au comportement des Nessis, s’extasiait lui aussi, de les voir faire.  Il s’encrait un peu plus une véritable complicité entre eux deux, pour le plus grand plaisir de Baliverne.

 

L’ambiance était tout autre pour Hallucinogene. Elle était toujours à quelques kilomètres de là, en grande conversation avec Malta le grand sage.

- Voilà, vous voyez, c’est simple, lui disait-il l’air confiant.

Hallucinogene fit la moue.

- Oui ! Si tout se passe bien ! Répondit-elle d’un air pas très convaincu.

- Mais oui, ne vous inquiétez pas ! Puis l’air plus grave, je vous demande juste de ne parler de ma présence à personne.

Hallucinogene le regarda, elle avait bien compris les enjeux de sa situation et il était évident qu’elle garderait ce secret.

- Bien entendu, lui répondit-elle avec un sourire engageant.

Puis elle saisit son coquillage et le porta à ses lèvres.

- Au revoir Malta, dit-elle dans un souffle.

Une fumée grise et un petit bruit faisant « POUF » prirent sa place.

Elle réapparut au milieu du campement où l’attendait Tungstene en faisant les cent pas.

Il se précipita vers elle.

- Hallucinogene ! Mais où étais-tu ? Je me suis fait du souci !

Hallucinogene sourit.

- Ben j’étais allée me promener un peu ! Dit-elle sans vouloir dire exactement où.

Tungstene la regarda de la tête aux pieds, il sentait bien qu’elle lui cachait quelque chose. Son amie n’avait pas pour habitude de se promener en culotte et en chemise au milieu de la nuit.

Il se demandait si ça avait un rapport avec lui. Si elle lui en voulait toujours et si finalement elle n’était pas rentrée chez elle pour ne plus le voir. L’idée l’avait hanté pendant toutes ces minutes passées à l’attendre. C’est pour cela qu’il n’avait pas voulu se téléporter près d’elle, chose qui lui aurait été aisée avec son coquillage, mais qui suivant la situation pouvait se révéler très indiscrète voire carrément impudique. Gennie était irremplaçable pour lui. Et même s’il avait l’impression douloureuse depuis quelques jours, qu’elle lui avait bien fait comprendre qu’ils ne resteraient qu’amis, il la sentait fâchée contre lui et avait peur de la perdre.

Il la regarda dans les yeux essayant de percevoir la vérité.

- En culotte ? Lui demanda-t-il pour lui montrer l’incohérence de sa réponse.

Hallucinogene lui sourit à nouveau.

- Tu t’es fait du souci pour moi ? Reprit-elle toute guillerette.

- Ben oui ! Évidemment ! Lâcha-t-il sans laisser le moindre doute, je me lève, je vois ta toile de tente grande ouverte, ne te voyant pas revenir, je me suis imaginé plein de choses.

- C’est gentil ça ! Excuse- moi mon petit Tungstene, répondit-elle en l’embrassant fortement sur la joue juste à la commissure des lèvres.

 Tungstene resta sans voix, ce baiser avait fait monter en lui tout un tas de sentiments indescriptibles, de bonheur mélangé à de l’incompréhension.

Il la regarda stoïque, s’engouffrer dans sa toile de tente.

- Bonne nuit, dors bien, lui lança-t-elle avec un regard malicieux.

Les mots résonnaient encore dans sa tête, elle l’avait appelé « mon petit Tungstene », elle l’avait embrassé d’une façon très ambiguë.

- Bonne nuit, se contenta-t-il de répondre bêtement, abasourdi par l’habile façon dont elle s’y était prise pour ne pas répondre à la question qu’il venait de lui poser.

Mais Tungstene s’en fichait, elle pouvait bien être allée où bon lui semblait, dans la tenue qu’elle voulait, elle n’était plus fâchée après lui et c'était la seule chose qui comptait à présent. Il se demandait même s’il n’avait pas encore quelques chances de pouvoir la séduire. Il entra dans sa tente à son tour.

- Ha la la, les filles, qu’est - ce que c’est compliqué ! Dit-il avant de s’endormir à son tour.

La nuit se passa tranquillement, Hallucinogene fit irruption plusieurs fois dans les rêves de Tungstene. Tour à tour ils s’y disputaient ou s’y réconciliaient de façon coquine. Mais au petit matin, Tungstene ne se souvenait plus de rien.

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